Libéréééee, délivréééeee

Comme expliqué il y a environ 1 mois, suite à une entorse de cheville, je suis resté immobilisée avec impossibilité de déplacements pendant plusieurs semaines.

Pour une personne comme moi qui ne tient pas en place, c’était un véritable supplice !

En théorie, je ne pouvais pas poser le pied à terre, je devais me déplacer uniquement en faisant usage de mes béquilles, et je devais toujours garder le pied surélevé.

Mais ça, c’est la théorie. Je vis dans un appartement dont les différentes pièces sont réparties sur 3 niveaux. Entre chaque palier, des escaliers, encore des escaliers, toujours des escaliers. Quoique je fasse, une volée de marches se présente à moi. En temps normal, ça me fait un peu d’exercice physique sans que je m’en rende compte, mais dans l’état actuel des choses, ça représentait à chaque fois un défi quasi insurmontable avec ma cheville plâtrée.

J’en ai parlé au médecin lorsque, tout en me posant le plâtre, il me donnait les directives à suivre et il me conseilla de m’asseoir sur les marches et de monter à reculons ou de descendre en position assise, marche après marche, en prenant appui uniquement sur le pied valide. Autant vous le dire tout de suite, j’ai essayé cette technique sur 3 marches et j’ai abandonné directement.

Je peux être très patiente pour certaines choses, mais pas pour ça. Mes béquilles ne m’ont été d’aucune utilité, sauf les rares fois où je suis sortie et que j’essayais de ne pas poser le plâtre au sol afin de ne pas le salir. Le reste du temps, pour me déplacer chez moi, je le faisais presque normalement, en boitant bien sûr mais sans l’aide des béquilles. Ce qui me valut d’ailleurs pas mal de remontrances et de remarques de désapprobation de certaines connaissances et ami-e-s qui bossent dans le milieu médical. « Ça va prendre beaucoup plus de temps à guérir », « Tu mets tout le poids de ton corps sur la pied blessé, c’est très mauvais », c’étaient les remarques qu’on me faisait le plus souvent. Mais moi, têtue comme une mule, je préférais faire à ma manière plutôt que de me compliquer la vie. Et comme toujours, je me disais  » je vis au jour le jour, et on verra bien les conséquences le moment venu »

Aussi, lorsqu’arriva le jour du rendez-vous pour m’ôter le plâtre et faire une nouvelle radio dans le but de voir l’évolution de la blessure, je n’en menais pas large. Avant de prendre la route, j’ai un peu nettoyé la base du plâtre pour tenter de le rendre moins sale afin que les médecins pensent que j’avais respecté les consignes. Dans les couloirs de l’hôpital, je me déplaçais en boitant, comme je le faisais chez moi depuis la pose du plâtre, et ce n’est qu’à l’approche du service d’orthopédie que j’ai fait mine d’utiliser mes béquilles. Une infirmière m’a d’ailleurs directement fait remarquer que je ne les utilisais pas correctement. Caramba, je suis déjà grillée !

mon plâtre rose bonbon

Le médecin qui m’avait posé le plâtre 3 semaines plus tôt se souvenait de moi : rares sont les personnes de sexe masculin qui ont du vernis rouge aux orteils et qui optent pour le bandage rose bonbon pour leur plâtre… 

Au moyen d’une scie circulaire de la taille d’une roulette à couper les pizzas, il m’ôta le plâtre et peu de temps après je me retrouvais dans une chaise roulante poussée par un bénévole, direction la radio.

Même pas 30min plus tard, j’étais de retour en ortho où on allait enfin me dire à quelle sauce je serais mangée.

Lorsque le médecin, tout en observant l’écran où apparaissait mon squelette, commença à fredonner la chanson phare de la Reine des Neiges (« libérééée, délivrééée… »), mes craintes firent place à une large bouffée d’espoir.

« J’ai reconnu le morceau que vous chantez !!! Je suis tirée d’affaires ? »

« Ah, je ne peux rien dire, aujourd’hui c’est ma collègue qui donne les bonnes ou mauvaises nouvelles »

« Que ce soit bien clair entre nous : je ne veux entendre que des BONNES nouvelles !! »

Et les nouvelles furent excellentes en effet. Après avoir palpé ma cheville à l’endroit blessé (rebaptisé « le point G » pour l’occasion), la femme médecin-chef m’annonça que j’allais enfin pouvoir garder le pied à l’air libre, à l’exception d’une sorte de chaussette renforcée à garder uniquement en journée, mais que je peux enlever pour prendre ma douche et pour dormir. Une vraie délivrance après 1 mois d’emprisonnement.

L’ambiance dans la petite salle de soins étant vraiment joviale en ce vendredi matin, je n’ai pas hésité à regarder le médecin dans les yeux en lui posant la question qui me turlupinait le plus : « Tout ça c’est bien beau, mais c’est quand que je pourrai remettre mes talons hauts ? »

« Ah, il faudra un peu patienter, pas dans l’immédiat en tout cas, il vous faudra d’abord suivre quelques séances de kiné »

Quelques heures plus tard, je célébrais cette bonne nouvelle en excellente compagnie, d’abord en testant un restaurant dans le centre-ville, avant de me rendre, ballerines aux pieds, à la soirée karaoké organisée par Tels Quels à la Rainbow House.

chaussette de sécurité autour de la cheville, je chante sans béquille, et j’ai même un danseur qui m’accompagne

Demain matin, ma première tâche de la semaine sera de contacter un kiné pour débuter la rééducation afin de retrouver enfin ma liberté totale de mouvements et mon indépendance. Je ne remercierai jamais assez mon ami Jarod qui m’a servi de chauffeur ces dernières semaines lorsqu’un déplacement en voiture s’imposait à moi. 

Cet article lui est dédicacé.

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